
Si un événement douloureux a été mal “digéré” parce que trop violent, les images, les sons et les sensations liés à l’événement sont stockés dans le cerveau, prêts à se réactiver au moindre rappel du traumatisme. Le mouvement oculaire débloque l’information traumatique et réactive le système naturel de guérison du cerveau pour qu’il complète le travail.
— David Servan-Schreiber, psychiatre
C’est quoi la thérapie EMDR ?

La découverte d’une nouvelle thérapie…
L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) signifie en français désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires.
Il s’agit d’une forme de psychothérapie inspirée des recherches en neurosciences. Francine Shapiro, psychologue américaine, la découvre par hasard, en 1987, aux Etats-Unis. Lors d’une promenade, Francine Shapiro constata que ses pensées obsédantes négatives disparaissaient lorsqu’elle effectuait un mouvement des yeux de droite à gauche.
Ultérieurement, elle développa et améliora la méthode avec de nombreuses recherches scientifiques.
…reconnue efficace dans le traitement des traumatismes
En France, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) (2004 et 2015) et la Haute Autorité de Santé (HAS) (2007) reconnaissent aujourd’hui l’EMDR pour son efficacité dans le traitement des traumatismes. Dans le monde, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) (2013), recommande l’EMDR comme thérapie des troubles de stress post-traumatique.
La relance du processus naturelle de guérison
Après un ou plusieurs chocs traumatiques, notre cerveau peut être dépassé. Il ne parvient plus à traiter et intégrer les informations, comme il sait le faire ordinairement. Dès lors, l’information est gelée, bloquée.
La thérapie EMDR vise en quelque sorte à relancer le processus naturel de guérison (les mécanismes naturels de traitement de l’information), en permettant de débloquer les souvenirs négatifs/traumatiques « non digérés » à travers l’utilisation de stimulations bilatérales alternées (visuelles, tactiles ou auditives).
De cette façon, on retraite enfin les traumatismes – même de nombreuses années plus tard.
En conclusion, l’intérêt de la thérapie EMDR est donc de diminuer la charge émotionnelle des souvenirs difficiles, en ciblant les émotions, les images, les pensées et les sensations qui y sont liés.
A qui s’adresse la thérapie EMDR ?
La thérapie EMDR s’adresse à toute personne (de l’enfant – même en bas âge – à l’adulte) souffrant de perturbations émotionnelles.
Ces perturbations émotionnelles peuvent s’exprimer sous diverses formes :
- les reviviscences,
- l’irritabilité,
- l’hypervigilance,
- l’angoisse,
- les cauchemars,
- la tendance à l’isolement,
- l’état dépressif,
- les comportements agités voire violents,
- les douleurs physiques,
- les somatisations,
- la régression chez l’enfant, etc.
D’autres troubles psychologiques peuvent aussi relever, dans certains cas, de traumatismes récents ou anciens : la dépression, les addictions, les troubles du comportement alimentaire, les attaques de panique, les phobies, les troubles de l’attachement, etc.
Ces perturbations émotionnelles sont généralement liées à des événements de vie difficiles voire traumatisants.

Comment se déroule une thérapie EMDR ?

Le praticien EMDR suit un protocole déroulé en 8 phases.
Comme toute thérapie, l’EMDR repose avant tout sur une alliance, une relation de confiance entre le patient et son thérapeute.
La phase de préparation
La mise en place d’une thérapie EMDR nécessite une phase de préparation (entre 2 et 4 séances en général). Le thérapeute peut ainsi vérifier que la thérapie EMDR est indiquée pour le patient. Il s’agit également d’identifier les problématiques les plus perturbantes susceptibles d’être retraitées en EMDR. Enfin, il faudra retrouver les souvenirs traumatiques à l’origine de ces difficultés.
Durant cette phase, le patient va acquérir des outils psychocorporels qui lui permettront de stabiliser ses émotions tout au long de la thérapie (en séance ou en pratique autonome entre les consultations).
L’étape du retraitement
Lorsque le patient se sent prêt, la phase de retraitement peut débuter.
L’un après l’autre, les souvenirs difficiles à l’origine des perturbations sont retraités selon un protocole précis. Le praticien demande au patient de se focaliser sur le souvenir perturbant, en gardant à l’esprit les différents éléments qui le composent (image, son, odeur, sensation physique), ainsi que les pensées et ressentis actuels associés.
Le thérapeute commence alors des séries de stimulations bilatérales alternées. Cela signifie qu’il stimule le cerveau alternativement du côté gauche puis droit, soit par des mouvements oculaires, soit par des stimulations tactiles ou auditives.
Entre chaque série de stimulations bilatérales alternées, le patient doit simplement remarquer ce qui lui vient à l’esprit, sans effort particulier. L’évènement se retraite spontanément, et différemment pour chaque personne selon son vécu, sa personnalité, ses ressources, sa culture.
Les séries de stimulations bilatérales continuent jusqu’à ce que le souvenir de l’évènement ne soit plus source de perturbations. Il sera associé à des ressentis calmes ainsi qu’à des pensées positives et constructives.
Pour conclure
Plusieurs séances sont parfois nécessaires pour chaque évènement travaillé.
Le praticien aide le patient à retrouver en lui un processus naturel et adapté de traitement de l’information (“digestion psychique” des souvenirs traumatiques) par des mouvements oculaires ou des stimulations bilatérales alternées.